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Edward Sheriff Curtis : la mémoire photographique des peuples amérindiens

Texte Laure MAUD
Sélection des visuels & vidéos Laure MAUD

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Bien que photographe, je ne vois pas et ne pense pas de manière photographique. Aussi, l’histoire de la vie amérindienne ne sera pas racontée dans ses détails microscopiques, mais présentée dans une image ample et lumineuse.

Edward Sheriff Curtis

Alors que les premiers habitants des États-Unis d’Amérique vivent toujours dans des conditions extrêmement difficiles, n’obtenant que peu de réponses positives à leurs demandes répétées de respecter l’environnement ainsi que leurs sites sacrés – notamment depuis que l’administration de Donald Trump est revenue sur un grand nombre d’acquis -, j’ai trouvé intéressant de vous parler du travail d’Edward Sheriff Curtis.

C’est en 1906 qu’Edward Sheriff Curtis, l’un des principaux anthropologues sociaux américains et par ailleurs photographe, débute un travail extraordinaire visant à « photographier la mémoire » de 80 tribus amérindiennes. Ce travail colossal, mené sur 20 ans, a donné une collection de plus de 50 000 photographies, The North American Indian, constituant un témoignage d’une grande beauté et d’une immense sensibilité vis-à-vis des cultures de ces tribus. Ce témoignage revêt une valeur d’autant plus précieuse que les photogravures y sont associées à des milliers de pages de texte ethnographique. L’héritage d’Edward Sheriff Curtis comprend également l’étude de 75 langues et dialectes, et l’enregistrement de 10 000 chants indiens réalisés grâce à un appareil à cylindre de cire enregistreur d’EdisonAdd a Tooltip Text.

Edward Sheriff Curtis débute sa carrière en 1896 en photographiant la haute société de Seattle. C’était souvent, à cette époque, le seul revenu possible pour les photographes professionnels. Il se lance dans la production des photographies de 80 tribus alors que le gouvernement américain applique une politique assimilationniste visant la déculturation de ces peuples indigènes. Le travail d’Edward Sheriff Curtis n’est pas à considérer comme un travail documentaire à proprement parler car, à cette époque, les tribus amérindiennes avaient déjà été largement dépossédées de leurs patrimoines : leurs terres et leurs cultures.

C’est un travail minutieux de reconstitution des traditions de ces tribus qui est ici à saluer, réalisé en collaboration étroite avec les représentants de chaque tribu dans le but de préserver ce qu’il restait de cet immense héritage. En effet, les traditions orales pratiquées par les tribus ne permettaient pas de transmission aux générations très durement affectées par l’acculturation en plein développement et entretenue par Theodore Roosevelt, convaincu que la disparition des traditions des Amérindiens représentait un important bénéfice pour la « civilisation ». C’est donc le dévouement d’Edward Sheriff Curtis et la conscience des représentants de ces 80 tribus qui ont permis ce travail de mémoire. Et c’est grâce à cette démarche très savamment construite que les photographies d’Edward Sheriff Curtis possèdent une telle puissance tant sur les plans esthétique et ethnologique que sur le plan imaginaire, voire spirituel.

La beauté et la grâce des deux portraits de jeunes filles présentés ci-dessus m’ont donné envie de vous inviter à découvrir trois scènes de films portant sur trois rencontres faites de réconciliation pour la première et d’émerveillement pour les dernières, entre Européens et Amérindiens. Voici des scènes tirées de ces films magnifiquement interprétés.

Je recommande très rarement les bandes annonces dont les voix off et les effets sonores trahissent trop souvent la démarche initiale des réalisateurs.

Hostiles (2017) de Scott Cooper – avec Christian Bale, Wes Studi, Rosamund Pike, Q’orianka Kilcher et Ben Foster.

Woman Walks Ahead (2018) ) de Susanna White – avec Jessica Chastain, Michael Greyeyes, Sam Rockwell et Ciarán Hinds.

The New World (2005) de Terrence Malick – avec Colin Farrel, Q’orianka Kilcher, Christian Bale, Wes Studi et Christopher Plummer.

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