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Dune de Frank Herbert : l’écologie comme compréhension des conséquences

Texte Laure MAUD
Sélection des visuels & vidéos Laure MAUD

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Plus la Terre contient de formes de vie, plus la vie sous toutes ses formes est protégée

Frank Herbert

Frank Herbert est essentiellement connu pour la saga Dune dans laquelle Georges Lucas aura très largement puisé pour la création de l’univers de Star Wars. Il ne fut pas uniquement l’écrivain de science-fiction au succès considérable, Dune comptant parmi les plus grands best-sellers de science-fiction. En effet, Frank Herbert fut le premier auteur d’un roman de science-fiction écologique à l’époque où l’écologie était un champ d’étude émergeant. Plus encore, il a aidé à populariser le terme « écologie » et à promouvoir un sentiment de conscience planétaire pour la Terre elle-même.

Frank Herbert est né en 1920 non loin de Seattle et plonge dans l’écriture dès l’enfance. Il enchaîne des études de psychologie puis d’ethnologie, de géologie sous-marine, de botanique et d’écologie avant de devenir expert auprès de la NASA pour y enseigner la survie en régions arides.

Frank Herbert a construit l’univers de Dune comme une immense fresque historique, économique et religieuse autour d’un sujet central : la tentative de contrôle d’une richesse inestimable, une mystérieuse épice qui donne longévité et prescience. Son empire galactique situé au XIème millénaire est bien éloigné de notre monde, mais la thématique est totalement contemporaine : l’accaparement et l’épuisement des ressources naturelles. Cette épice hors du commun, permettant également le voyage spacial au sein de cet empire galactique, n’est présente que sur une seule planète de tout l’Univers : la planète des sables Arrakis, appelée également Dune. L’eau y est tellement rare que seul un équipement spécifique recyclant tous les fluides corporels pour les convertir en eau potable permet la survie sur Arrakis. Leurs habitants, les Fremen, habités par leur rêve de vivre dans un grand jardin, pratiquent des cultures écologiques dans le but d’humidifier des zones arides et de développer progressivement la végétation dans le cadre d’un programme transgénérationnel et systémique : un projet qui ne peut aboutir à l’échelle d’une vie humaine.

Au contraire des Fremen, les nobles et les soldats de l’Empire ne comprenant pas cet environnement naturel et incapables de s’y adapter, seront condamnés à tenter vainement de le maîtriser par la force, comme aveuglés par l’enseignement délivré dans le livre de la Genèse issu de l’Ancien Testament : « Croissez, multipliez-vous, emplissez la Terre et soumettez-la ! ». Bien que la saga Dune soit baignée de spiritualité et d’enseignements religieux, l’interaction fondamentale entre l’Homme et son environnement ainsi que sa compréhension feront écrire à Frank Herbert : « La plus haute fonction de l’écologie est la compréhension des conséquences. »

Frank Herbert ne se contentera pas d’étudier et de promouvoir l’écologie. En 1972, il quitte la Californie et achète à Port-Townsend – proche de Tacoma où il est né, dans l’Etat de Washington – la ferme de ses rêves qu’il transforme en laboratoire. Il présente son lieu de vie comme un « projet expérimental de démonstration écologique » en créant lui-même les équipements nécessaires pour gagner en autonomie : un système de chauffage solaire, des éoliennes ainsi qu’un générateur de méthane. En 1979, Jimmy Carter fera installer pour la toute première fois des capteurs solaires thermiques sur le toit de la Maison Blanche qui seront remplacés des années plus tard par une installation photovoltaïque. Frank Herbert militera à la même époque pour que les citoyens prennent conscience du fait que les territoires se doivent d’être résilients en s’appuyant notamment sur l’économie circulaire.

L’œuvre visionnaire de Frank Herbert est non seulement d’une richesse à peine descriptible, mais en plus de cela, la saga Dune se déroule sur pas moins de 34 000 ans – de quoi inspirer quantité d’artistes. Vous trouverez ci-dessus et ci-dessous une sélection de couvertures de livres et d’illustrations dont certaines ont été commandées par la prestigieuse maison d’édition Penguin.

Le nouveau film de Denis Villeneuve Dune (2020) tant attendu par des millions d’entre nous était programmé pour une sortie dans les salles fin 2020 ; elle est malheureusement repoussée au 1er octobre 2021 du fait de la pandémie du Covid-19, les producteurs refusant la possibilité d’une diffusion via les plateformes de streaming.

Je suis fascinée par la capacité de Denis Villeneuve à créer des univers grâce à une écriture extrêmement sophistiquée, une direction d’acteurs inouïe, une esthétique à la fois épurée et puissante sans oublier le travail sur le sound design relativement unique.

J’ai vu l’ensemble de ses films et ne cesse de revoir Sicario, Arrival (si mal traduit par « Premier contact » en VF) et Blade Runner 2049, restant à chaque fois captivée par la puissance et la splendeur de ces œuvres cinématographiques.

La bande-annonce de Dune (2020) et les premières photographies issues du tournage ainsi que le casting sont, je trouve, spectaculaires au point où j’éprouve un plaisir chaque fois renouvelé de contempler ces images.

Dune (2020) – avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Josh Brolin, Dave Bautista, Zendaya, Jason Momoa, Javier Bardem et Stellan Skarsgår.

Je vous invite à (re)découvrir les scènes « qui rentrent dans le vif du sujet de l’intrigue » (pour Blade Runner 2049, il s’agit directement de la scène d’ouverture) des derniers films de Denis Villeneuve : Sicario (2015), Arrival (2016) et Blade Runner 2049 (2017). Je suis captivée par ces scènes qui comportent toutes des vues aériennes mettant le plus souvent en scène des hélicoptères, vues soutenues par une musique et un sound design totalement envoûtants intensifiés par des dialogues quasiment – voire totalement – absents. Je suis également troublée par le fait que le protagoniste principal paraît à chaque fois comme frappé de mutisme, presque passif dans sa rencontre avec l’inconnu et l’ennemi, mais surtout devant l’épreuve immense – quasi insurmontable – qui l’attend.

Sicario (2015) – The Convoy to Juárez – avec Emily Blunt, Benicio Del Toro et Josh Brolin.

Arrival (2016) – Arrival at the Military Base – avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker et Michael Stuhlbarg.

Blade Runner 2049 (2017) – Intro & Opening Scene – avec Ryan Gosling, Harrison Ford, Ana de Armas, Jared Leto, Robin Wright et Mackenzie Davis.